Le rappeur haïtien Baky Popilè (Baptista Lugendy St-Hubert ) a signé son grand retour avec KAIA son quatrième album studio, le 12 septembre 2025. Ce projet, qui porte le prénom de sa fille, dépasse le simple cadre d’une production musicale : c’est une œuvre intime, une vitrine de maturité et une déclaration artistique assumée.
Dans KAIA, Baky s’éloigne de la rigidité d’un rap pur pour embrasser un spectre sonore large. On y retrouve des influences gospel, amapiano, afrobeat, rara haïtien, compas et des sonorités plus traditionnelles, habilement fusionnées avec des beats modernes. Cette diversité n’est pas gratuite : elle traduit la volonté de l’artiste de montrer qu’il peut être à la fois rappeur, chanteur, conteur et expérimentateur.
Chaque morceau révèle une facette différente. On passe de l’introspection autour de la paternité à la célébration de la résilience, de la trahison à l’amour, de l’affirmation de soi à la spiritualité. Les flows changent selon l’humeur des titres : incisifs et rapides sur les morceaux les plus rap, plus posés et chargés d’émotion sur les titres gospel ou afro. La palette vocale de Baky devient ici un véritable instrument de narration.
L’album reste cohérent malgré cette pluralité de genres. Ce qui unit les treize pistes, c’est une voix, une identité et une sincérité. La production, signée par plusieurs talents haïtiens comme Adam Beats, Bbo Beat ou Magic Touch, apporte à l’ensemble une qualité moderne sans renier les racines culturelles. Même la rare collaboration avec le jeune chanteur Millz sur Lotto s’inscrit dans cette logique d’équilibre et de maîtrise.
Avec KAIA, Baky Popilè prouve qu’il n’est pas seulement un rappeur, mais un artiste polyvalent qui ose se réinventer. Ce projet risque de surprendre certains amateurs de rap pur, mais il ouvre une nouvelle étape dans la carrière d’un musicien qui refuse de se laisser enfermer dans un seul style. Plus qu’un retour, c’est une métamorphose qui place Baky parmi les figures incontournables de la scène haïtienne contemporaine.
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