Oui c’est possible mais un pays n’a pas le droit de rire de tout.
Certains disent qu »il n’existe que 3 véritables urgences dans la vie: l’arrêt cardiaque, la rupture d’anévrisme et la césarienne. Pour le reste, relax on va gérer.
Si cette approche est intéressante au niveau individuel pour lutter contre les effets néfastes connus du stress, une fois appliquée à l’échelle d »un pays et généralisée à tous les niveaux, là commence la folie totale. Un autre fléau moins connu que le stress mais aux conséquences toutes aussi désastreuses.
En Haïti, il y a cette philosophie qui consiste à dire que ‘la vie ne vaut pas une ride » parce qu’elle « (la vie) peut tout nous prendre sauf le sourire ». En résumé, on veut rire de tout.
Et on fait l’inpensable pour rire de tout, même de l’effroi. C’est ce qui nous a permis de rire du séisme meurtrier de 2010, des catastrophes naturelles successives, de la démagogie politique permanente, du marasme économique grandissant et de la détérioration constante de la situation du pays.
D’aucuns diront que cette thérapie de choc est un bon alternatif dans un pays où la santé mentale ne figure pas encore dans la liste des besoins, car la population manque encore de tout, des infrastructures vitales de base à la sécurité, de la justice à la liberté de circulation. En Haïti, l’Homme ne dispose même encore pas du droit fondamental de vivre dignement.
Cela dit, d’autres devraient être plus reservés, car un pays ne peut pas rire de tout, tout le temps et dans tous les domaines. « L’excès en tout nuit » pour citer une sagesse mondialement connue.
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Depuis des décennies, il y avait cette pratique dans le pays consistant à éteindre un scoop (« zen » en créole) par un autre plus grave et plus palpitant. C’est ainsi que Dessalines est resté sans justice, on n’a jamais su qui a tué Leopold Jean Dominique, ni où est passé l’argent de ‘petrocaribe’, pourquoi des dizaines de bénéficiaires du programme ‘timanman cheri’ ont réussi à recevoir leur versement mobile sans posséder un numéro de téléphone, ou encore comment 10 millions de paires d’yeux n’arrivent pas à localiser les nombreux stades construits dans le pays dans un passé très récent Encore moins comment une bande de mercenaires a pu passer inapercue sous les yeux de la garde rapprochée d’un president pour l’assassiner dans son lit et redevenir visible dès le lendemain matin pour être arrêtée.
On peut aussi se questionner comment avec autant de migrants haïtiens qui circulent dans le monde, le pays n’arrive toujours pas à répliquer des modèles de succès sur son territoire. De quoi se marrer à mort, n’est ce pas? Trêve de plaisanterie, un pays ne peut pas rire de tout.
A force de blaguer sur tout et de tout tourner en dérision, la nation haïtienne est devenue une grande troupe théâtrale aux performances incontestables. En effet, très peu de nations excellent à ce niveau de connerie et de comédie. Quelqu’un est escroc, on rit, il devient assasin on rit, il viole on rit, il devient cannibale on rit encore. On nait, on rit, on vit dans la pauvreté, on rit, on est au chomage, on rit, on est malade, on rit et quand on échoue ou qu’on meurt d’autres en rient, n’est ce pas Ariel?
Partout, il y a une ligne rouge, un plafond de verre ou un plancher. Il parait qu’en Haïti, il n’y en a pas, rien de tout ça, aucune limite.
Alors pourquoi rire de tout en permanence est dangereux? Parce que la vie est une réalité três sérieuse. On a qu’une vie, précieuse et courte. Parce que le temps va et ne revient jamais.
Le Congolais Jacques Mukonga Sefu a dit « Quiconque n’est pas dégouté par ce qui est dégoutant est encore plus dégoutant que ce qui ne le dégoûte pas ». Passer tout en dérision consiste à rendre accepable même ce qui devrait être dégoûtant voire révoltant.
A vous, père, mère, en 2024, jusque à quand tolererez-vous que vos enfants grandissent dans un environnement qui ne prend rien au sérieux? Quel avenir voulez-vous offrir à vos progénitures? N’accusez pas les autres d’être responsable de tous vos malheurs.
Qu’est ce que vous avez fait à votre niveau pour changer le cours de votre histoire et ou celle de votre pays? Ne tournez pas la tête pour chercher « yo » ou un autre coupable. Cet article s’adresse bien à vous! Dans quelle direction souhaitez-vous avancez à partir de maintenant? Quelle sera votre contribution?
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