Partout à Léogâne, commune d’Haïti située à environ 32 kilomètres de Port-au-Prince, un important nombre de champs de canne à sucre sont détruits pour procéder à des aménagements en béton ces dernières années. Une zone qui représentait dix ans de cela, un élément majeur dans la production de la canne à sucre qu’on utilise pour préparer du sucre et du clairin, pour ne citer que ceci.
Léogâne, surnommé la « cité de la reine Anacaona » a toujours été considéré comme l’une des régions les plus prospère d’Haïti grâce à sa production de canne à sucre. Jusqu’en 2015 avec l’arrêt définitif de l’usine sucrière Jean Léopold Dominique à Dabonne, la commune essayait encore de tenir son image en matière de production, mais sans suite. Cette région où l’on pouvait, à une certaine époque, rencontrer des cultivateurs dans leurs champs même avec l’œil fermé ou bien qui était l’une des principaux fournisseurs de l’usine « HASCO » en donnant près de 120 000 tonnes de canne à sucre chaque année au début des années 80 est aujourd’hui aux abois.
𝐋𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐢𝐧𝐜𝐢𝐩𝐚𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐚𝐮𝐬𝐞𝐬
Après le puissant séisme dévastateur de 2010 qui a fait environ 300 000 morts dans le pays, la commune productrice de canne à sucre est devenue tellement urbanisée, sa grande réputation de production est fortement touchée en raison des champs de canne transformés en habitation. En effet, suite à la catastrophe, des organisations qui ont dû prêter main forte aux victimes et qui ne possédaient ni maisons voire terrains, se mettaient à la quête de terrain libre, en vue de bénéficier de l’aide auprès d’autres instances. Sans l’accord de l’État central ni de la mairie, elles ont procédé aux distributions de quelques abris provisoires situant sur les terrains de production de canne à sucre. D’autres occupants sont des personnes qui s’étaient retrouvées dans la commune dans cette même optique, pour s’accaparer des terrains destinés à l’agriculture en s’échappant aux prix prohibitifs du loyer dans la capitale, pour se procurer d’un lopin de terre à Léogâne. Selon ce que nous confie un agriculteur qui ne voulait pas que son nom soit mentionné.
Par ailleurs, l’absence d’usine de transformation de canne à sucre dans la région où dans certaine commune avoisinante comme autrefois pousse les agriculteurs à vendre leur terrain, ancien champs de canne pour répondre à leur besoin, puisqu’ils n’ont presque d’autre moyen pour relever les défis financiers.
𝐃𝐞𝐬 𝐩𝐥𝐚𝐧𝐭𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐚𝐛𝐨𝐢𝐬
Le transit des champs de canne à sucre en masse de béton est un désarroi pour les planteurs. La majorité des familles Léogânaises vivaient de la production de la canne à sucre. Elles plantaient afin de subvenir à leurs besoins ; comme payer la scolarité de leurs enfants, les envoyer à l’étranger, se procurer des éléments matériels, etc. Mais, de nos jours la majorité de ces terrains cultivables ne sont plus, les plantations de canne à sucre disparaissent.
Emmanuel, un ancien planteur âgé de plus de soixante ans nous explique qu’il possédait bon nombre d’hectares de terres. Il embauchait même les jeunes du quartier qui ne travaillaient pas les années avant. Mais aujourd’hui en 2024, il ne lui reste plus rien ; car pour investir dans la formation de ses enfants et sauver la peau de sa femme qui était hospitalisée, il vendu ses terrains et les à céder à des constructions. D’un air triste, ce père de sept enfants évoque l’époque glorieuse dans sa ville natale, là où il s’est marié et a eu ses enfants. Les champs de canne à sucre étaient tellement nombreux, que le chômage ne faisait pas tous ces échos. « Moi-même, personnellement, toute la localité m’appelait DG », nous lâche-t-il avec un large sourire. Le planteur accueillant nous fait savoir que malgré tout, certains autres planteurs utilisaient de la magie pour que leurs récoltes soient meilleures que d’autres. « Si par malheur on se laisse atteint, on perdra sa récolte, on ne bénéficiera même pas de nos dépenses », ajoute-t-il. Avant le déclin de la canne à sucre, lors des récoltes, des paysans se rendaient toujours dans des usines de sucre et de clairin pour livrer leurs marchandises. En une seule journée, ils pourraient gagner au moins cinq milles gourdes (5000 gourdes), qui représentaient entre 70-80 dollars us à l’époque. Aujourd’hui non seulement la canne à sucre est détruite, mais aussi ils n’ont plus de champs pour continuer avec la plantation. Une situation néfaste pour la commune, car l’économie reposait sur la plantation de la canne à sucre comme principale activité.
𝐋𝐚 𝐬𝐢𝐭𝐮𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐬❜𝐚𝐠𝐠𝐫𝐚𝐯𝐞 𝐚𝐮 𝐪𝐮𝐨𝐭𝐢𝐝𝐢𝐞𝐧
Les lieux destinés aux champs à une époque, sont aujourd’hui séparés par des rues et ruelles. Selon le planteur de sept enfants, vivre dans un environnement changeant est sans valeur, « personnellement, je ne pouvais m’y adapter, mais bon, je ne peux rien faire pour remédier à la situation ». Ce problème est selon lui la conséquence de cette émergence sans contrôle des constructions. Un sentiment d’amertume et de désolation se lit sur le visage de tous les paysans qui n’ont plus rien et ne savent à quel saint se vouer. Ces changements ont bouleversé les habitudes des paysans et ne vont pas nécessairement dans le sens qu’ils auraient souhaité. En outre, la situation malheureuse actuelle du pays paralyse les activités culturelles de la commune qui malgré tout continue d’exister.
𝐃𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐞́𝐪𝐮𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐢𝐧𝐞́𝐯𝐢𝐭𝐚𝐛𝐥𝐞𝐬
Si des terrains qui étaient destinés à la plantation à une époque et devenus soudainement habités à autre sans aucun réaménagement nécessaire, il est tout a fait logique que des situations regrettables se font voir. En effet, à chaque goutte de pluie, l’inondation est au rendez-vous dans certains quartiers de la commune. La raison est tout à fait simple, les terrains accueillant aujourd’hui les habitants faisaient majoritairement partie des champs de canne à sucre.
Alors que malgré tout cela, l’État haïtien est aveuglé et brillé encore par son grand silence.
Aucune autorité ne voit la nécessité de relancer les activités agricoles au moins dans cette zone. Ou même se pencher sur le mode de vie de ses personnes habitant les champs de canne à sucre alors que le pays s’effondre économiquement depuis des années.
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